mercredi 4 novembre 2009

SOULEVEMENT DE LA JEUNESSE, ROTATION AUX POSTES DE RESPONSABILITES, LIMITATION ET NON CUMUL DES MANDATS



Isidore Isou, Traité d’Economie nucléaire. Le Soulèvement de la jeunesse. Tome III : La solution du protégisme juventiste (1949). Ed. C.I.C.K., 1971 (p.p. 207-209)

(…). Le gouvernement ne doit avoir d'autre justification que l'acte de réaliser, de multiplier, à savoir la permission d'une nouvelle couche ignorée d'accéder à la lumière, en apportant sa somme de richesses.

(XCVI) L'unique justification de la politique est la puissance de rénovation des masses tenues à l'écart. A l'instant où on permet de se figer à l'action gouvernementale un groupe au pouvoir, qui se contente simplement de représenter les « intérêts » d'une masse (et non de changer, transformer, améliorer un état économique par le sacrifice de ses propres énergies et non des pouvoirs des autres), la politique devient l'exploitation et le vol des contribuables.

L'éloignement même de la jeunesse de l'urne, par la volonté du trafic (il faudrait publier tous les avis et avertissements affichés dans les écoles afin d'interdire aux élèves « de faire de la politique »), l'ignorance béate où les externes doivent être tenus des conditions de leur présent et de leur avenir, prouve que devant l'unité des exploitants et dominateurs parasites, une unité nouvelle de détachés est nécessaire. Les jeunes font toujours une politique d'opposition et de combat : même durant la guerre, lorsqu'ils semblent tellement patriotes, cela advient parce qu'on leur permet une opposition à un autre trafic (la bataille, la guerre); les insultes des « poilus » contre « ceux de derrière » marquant la conscience de leur différence et de l'injustice que représente leur sacrifice.

(XCVII.) La politique est un surplus d'activité accompli comme un sacrifice, afin de pouvoir jouir justement de l'activité homologuée, un travail improductif, en marge, afin de situer le mieux possible dans le circuit le travail productif. La politique est une peine de mise en place obligatoire pour ajuster et obtenir le meilleur rendement de la dose de peine valorisée.

Aucune place publique n'étant définitive, on l'occupera en amateur, non en professionnel Le métier d’« homme politique » sera interdit. 'L'éducation ou la rééducation, selon la méthode économique de ce livre, habituera l'agent à occuper des places nécessaires à la collectivité. Ainsi seulement,toute couche d'externes interdira la formation de ces féodalités d'arrêt harmonique, bouleversant incessamment la direction du niveau productif,par de nouvelles justifications juxtaposées.

La politique étant toujours, jusqu'à présent, le résultat d'une conception interne (manie si elle était pratiquée par les détachés), en atteignant le pouvoir recherché, elle épuisait sa force motrice pour devenir un établissement pétrifiée.

La révolution juventiste est le premier système qui exige une réforme incessante la mise en notions d'un changement ordonné la pensée d'un élan concrètement accepté et prévenu

Afin de rendre plus évidente l'affirmation, on n'a qu'à passer en revue d'une façon succinte les conceptions précédentes. Le Christianisme, dépliant un monde d'esclaves, s'arrête à une société moyen-âgeuse où la justification du pouvoir est un cadre d'attente de l'Apocalypse de la société parfaite de la divinité, du retour du Christ. La Révolution française, conquérant l’Egalité, la Liberté, la Fraternité (idéals statiques, nominaux), prétend établir une dictature pour la defense « du juste gouvernement », les concepts donnés semblant incarnés dans l'Assemblée des citoyens. Economiquement, de Smith à Bastiat, on s'efforce de perfectionner statiquement le libre échange qui depuis deux siècles est prêt d'être atteint dans le monde. Le parti communiste incarne en U.R.S.S. la dictature du prolétariat et même « la révolution perpétuelle » de Trotsky n'est qu'une transmission horizontale, à savoir la conquête spatiale d'une idée, le prolétariat plié devant se déplier partout sur la surface du monde et conquérir le pouvoir, sous la direction des mêmes politiciens, des « vieux révolutionnaires ».

Toutes les conceptions politiques s'arrêtent à un staticisme étouffant . Même si elles se prétendent « dialectiques », concrètement, réellement, elles sont incapables d'envisager, selon les éléments considérés dans leurs fondements, l'avenir, au-delà de l’Etat allemand (Hegel) ou de la « société sans classe » (Marx).Elles anéantissent dans leur à-peu-près (qui est un prétexte revendicatif étroit, par rapport aux couches créatives, incapables de se glisser par la fente du motif de dépliage) des forces vivantes, extraordinaires et chaque jour,dans toutes les prisons fermées et ouvertes du monde, les dents des jeunes grincent impuissantes de ne pas pouvoir déchiqueter les murs de ciment armé des idéologies (1). En faisant appel, pour la première fois, à la force revendicative qui est en même temps la puissance créative, on offre le droit de vie à ceux qui, incessamment et éternellement, représentent la formation de l'humanité.

La couche même interventionniste s'avère cette fois bouleversante et continuellement changeante, n'ayant pas devant soi une somme de revendications fixes dont on puisse dire que, résolues, elles permettent une stabilité politique. Elle reste le ferment de création et de vie dans son essence même. Il ne s'agit pas d'un anarchisme intérieur romantique (à la Stirner, Nietzsche). C'est la force sociale dynamique qui sera la base d'une forme sociale dynamique. Si les anarchistes ont désiré la destruction du gouvernement (et dans ce sens Bakounine comme Platon a créé des formes politiques, sans découvrir des contenus, des forces créatrices d'histoires), lorsqu’ils se sont adressés aux puissances qu'ils considéraient capables de porter leurs torches, ils n’ont rien découvert d'autre que les travailleurs, les agents les plus réactionnaires, le plus statiques, les plus internes possibles (et révolutionnaires autant qu'ils se découvraient dans une mauvaise passe, passagèrement). L’Anarchie, basée sur ces combattants, ne peut mener qu’à l’inédit établissement d’un parasitisme harmonique. C’est pourquoi le marxisme dictatorial, s'adaptant parfaitement aux nécessités d'alignement de la classe ouvrière (pas plus loin, pas moins qu'il faut) s'est imposé plus que Kropotkine à la masse prolétarienne.

L'ordre du protégisme, resubstantialisé par une puissance sociale, qui trouve dans ses intérêts la nécessité de sa réalisation, constituera la Régime de la Liberté même, dépassant l'anarchisme figé dans sa doctrine inerte. Chaque promotion acquiert la certitude qu'elle n'a pas l'ultime, la plus parfaite conception concevable. La conscience d'un interventionnisme gardien et remplaçant auquel on rend compte dans le présent et qui demandera des comptes à l'avenir, lorsque le productif devra céder la place, marque le réveil de la responsabilité. Le droit au pouvoir n’est que l'obligation d'une mise en marche de la créativité, l'histoire des gouvernements devant être une succession des plus ardents, des plus jeunes moments de la société. La cessation de la mise en marche entraîne le passage vers l'échange tranquillisé de peines-plaisirs.

A cet instant, devant une autre couche d'externes qui se presse derrière, un dernier examen devra être passé.

(XCVIII) Devant chaque nouvelle promotion d'externes au pouvoir, la couche productive devra rendre compte de la gestion et de l'emploi des impôts, par une présentation des registres financiers (budgétaires). Avant de jouir de la tranquillité trafiquante (et dans l’avenir, du repos des pensions et des retraites), les responsables de la société devront justifier de la correcte distribution des sommes collectives administrées.

On punira la spoliation des impôts durant une phase d'administration de la collectivité plus durement que le vol d'un individu.

Chaque doctrine, se considérant la dernière possible, engendrait chez ses croyants (les meneurs, agitateurs de la conception) une espèce de fixation fanatique, un mépris absolu pour l'adversaire et l'opposition, considérés comme « frottements » présents et accidentels.

L’Avenir appartenant au « meilleur », les partisans de la doctrine n’avaient pas à craindre un autre avenir, bouleversant ses constructions. Sa statique même scellait, par ses prétentions de tenir la dynamique, le comportement irresponsable vis-à-vis d’une opposition qui la combattait (2).

----------------------------------

(1) En 1947, on envoie encore des jeunes hommes mourir (en France, en. Amérique, en U.R.S.S.) pour l'Honneur (dont ils se moquent, car chaque jour leurs propres parents, professeurs et supérieurs les déshonorent) et pour la Patrie (qui ne leur appartient pas, dont ils n'ont jamais vu le visage).

(2) Chez Robespierre, Trotsky, Staline, Hitler, etc.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire