mercredi 4 novembre 2009

SOULEVEMENT DE LA JEUNESSE, ROTATION AUX POSTES DE RESPONSABILITES, LIMITATION ET NON CUMUL DES MANDATS



Isidore Isou, Traité d’Economie nucléaire. Le Soulèvement de la jeunesse. Tome III : La solution du protégisme juventiste (1949). Ed. C.I.C.K., 1971 (p.p. 207-209)

(…). Le gouvernement ne doit avoir d'autre justification que l'acte de réaliser, de multiplier, à savoir la permission d'une nouvelle couche ignorée d'accéder à la lumière, en apportant sa somme de richesses.

(XCVI) L'unique justification de la politique est la puissance de rénovation des masses tenues à l'écart. A l'instant où on permet de se figer à l'action gouvernementale un groupe au pouvoir, qui se contente simplement de représenter les « intérêts » d'une masse (et non de changer, transformer, améliorer un état économique par le sacrifice de ses propres énergies et non des pouvoirs des autres), la politique devient l'exploitation et le vol des contribuables.

L'éloignement même de la jeunesse de l'urne, par la volonté du trafic (il faudrait publier tous les avis et avertissements affichés dans les écoles afin d'interdire aux élèves « de faire de la politique »), l'ignorance béate où les externes doivent être tenus des conditions de leur présent et de leur avenir, prouve que devant l'unité des exploitants et dominateurs parasites, une unité nouvelle de détachés est nécessaire. Les jeunes font toujours une politique d'opposition et de combat : même durant la guerre, lorsqu'ils semblent tellement patriotes, cela advient parce qu'on leur permet une opposition à un autre trafic (la bataille, la guerre); les insultes des « poilus » contre « ceux de derrière » marquant la conscience de leur différence et de l'injustice que représente leur sacrifice.

(XCVII.) La politique est un surplus d'activité accompli comme un sacrifice, afin de pouvoir jouir justement de l'activité homologuée, un travail improductif, en marge, afin de situer le mieux possible dans le circuit le travail productif. La politique est une peine de mise en place obligatoire pour ajuster et obtenir le meilleur rendement de la dose de peine valorisée.

Aucune place publique n'étant définitive, on l'occupera en amateur, non en professionnel Le métier d’« homme politique » sera interdit. 'L'éducation ou la rééducation, selon la méthode économique de ce livre, habituera l'agent à occuper des places nécessaires à la collectivité. Ainsi seulement,toute couche d'externes interdira la formation de ces féodalités d'arrêt harmonique, bouleversant incessamment la direction du niveau productif,par de nouvelles justifications juxtaposées.

La politique étant toujours, jusqu'à présent, le résultat d'une conception interne (manie si elle était pratiquée par les détachés), en atteignant le pouvoir recherché, elle épuisait sa force motrice pour devenir un établissement pétrifiée.

La révolution juventiste est le premier système qui exige une réforme incessante la mise en notions d'un changement ordonné la pensée d'un élan concrètement accepté et prévenu

Afin de rendre plus évidente l'affirmation, on n'a qu'à passer en revue d'une façon succinte les conceptions précédentes. Le Christianisme, dépliant un monde d'esclaves, s'arrête à une société moyen-âgeuse où la justification du pouvoir est un cadre d'attente de l'Apocalypse de la société parfaite de la divinité, du retour du Christ. La Révolution française, conquérant l’Egalité, la Liberté, la Fraternité (idéals statiques, nominaux), prétend établir une dictature pour la defense « du juste gouvernement », les concepts donnés semblant incarnés dans l'Assemblée des citoyens. Economiquement, de Smith à Bastiat, on s'efforce de perfectionner statiquement le libre échange qui depuis deux siècles est prêt d'être atteint dans le monde. Le parti communiste incarne en U.R.S.S. la dictature du prolétariat et même « la révolution perpétuelle » de Trotsky n'est qu'une transmission horizontale, à savoir la conquête spatiale d'une idée, le prolétariat plié devant se déplier partout sur la surface du monde et conquérir le pouvoir, sous la direction des mêmes politiciens, des « vieux révolutionnaires ».

Toutes les conceptions politiques s'arrêtent à un staticisme étouffant . Même si elles se prétendent « dialectiques », concrètement, réellement, elles sont incapables d'envisager, selon les éléments considérés dans leurs fondements, l'avenir, au-delà de l’Etat allemand (Hegel) ou de la « société sans classe » (Marx).Elles anéantissent dans leur à-peu-près (qui est un prétexte revendicatif étroit, par rapport aux couches créatives, incapables de se glisser par la fente du motif de dépliage) des forces vivantes, extraordinaires et chaque jour,dans toutes les prisons fermées et ouvertes du monde, les dents des jeunes grincent impuissantes de ne pas pouvoir déchiqueter les murs de ciment armé des idéologies (1). En faisant appel, pour la première fois, à la force revendicative qui est en même temps la puissance créative, on offre le droit de vie à ceux qui, incessamment et éternellement, représentent la formation de l'humanité.

La couche même interventionniste s'avère cette fois bouleversante et continuellement changeante, n'ayant pas devant soi une somme de revendications fixes dont on puisse dire que, résolues, elles permettent une stabilité politique. Elle reste le ferment de création et de vie dans son essence même. Il ne s'agit pas d'un anarchisme intérieur romantique (à la Stirner, Nietzsche). C'est la force sociale dynamique qui sera la base d'une forme sociale dynamique. Si les anarchistes ont désiré la destruction du gouvernement (et dans ce sens Bakounine comme Platon a créé des formes politiques, sans découvrir des contenus, des forces créatrices d'histoires), lorsqu’ils se sont adressés aux puissances qu'ils considéraient capables de porter leurs torches, ils n’ont rien découvert d'autre que les travailleurs, les agents les plus réactionnaires, le plus statiques, les plus internes possibles (et révolutionnaires autant qu'ils se découvraient dans une mauvaise passe, passagèrement). L’Anarchie, basée sur ces combattants, ne peut mener qu’à l’inédit établissement d’un parasitisme harmonique. C’est pourquoi le marxisme dictatorial, s'adaptant parfaitement aux nécessités d'alignement de la classe ouvrière (pas plus loin, pas moins qu'il faut) s'est imposé plus que Kropotkine à la masse prolétarienne.

L'ordre du protégisme, resubstantialisé par une puissance sociale, qui trouve dans ses intérêts la nécessité de sa réalisation, constituera la Régime de la Liberté même, dépassant l'anarchisme figé dans sa doctrine inerte. Chaque promotion acquiert la certitude qu'elle n'a pas l'ultime, la plus parfaite conception concevable. La conscience d'un interventionnisme gardien et remplaçant auquel on rend compte dans le présent et qui demandera des comptes à l'avenir, lorsque le productif devra céder la place, marque le réveil de la responsabilité. Le droit au pouvoir n’est que l'obligation d'une mise en marche de la créativité, l'histoire des gouvernements devant être une succession des plus ardents, des plus jeunes moments de la société. La cessation de la mise en marche entraîne le passage vers l'échange tranquillisé de peines-plaisirs.

A cet instant, devant une autre couche d'externes qui se presse derrière, un dernier examen devra être passé.

(XCVIII) Devant chaque nouvelle promotion d'externes au pouvoir, la couche productive devra rendre compte de la gestion et de l'emploi des impôts, par une présentation des registres financiers (budgétaires). Avant de jouir de la tranquillité trafiquante (et dans l’avenir, du repos des pensions et des retraites), les responsables de la société devront justifier de la correcte distribution des sommes collectives administrées.

On punira la spoliation des impôts durant une phase d'administration de la collectivité plus durement que le vol d'un individu.

Chaque doctrine, se considérant la dernière possible, engendrait chez ses croyants (les meneurs, agitateurs de la conception) une espèce de fixation fanatique, un mépris absolu pour l'adversaire et l'opposition, considérés comme « frottements » présents et accidentels.

L’Avenir appartenant au « meilleur », les partisans de la doctrine n’avaient pas à craindre un autre avenir, bouleversant ses constructions. Sa statique même scellait, par ses prétentions de tenir la dynamique, le comportement irresponsable vis-à-vis d’une opposition qui la combattait (2).

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(1) En 1947, on envoie encore des jeunes hommes mourir (en France, en. Amérique, en U.R.S.S.) pour l'Honneur (dont ils se moquent, car chaque jour leurs propres parents, professeurs et supérieurs les déshonorent) et pour la Patrie (qui ne leur appartient pas, dont ils n'ont jamais vu le visage).

(2) Chez Robespierre, Trotsky, Staline, Hitler, etc.


mercredi 14 octobre 2009

L'ANTI-CINEMA LETTRISTE 1952 - 2009



« On ne prétend pas que le cinéma soit mort, on affirme simplement qu’un certain cinéma est épuisé ».

« Je demande un nouvel effort de création ou de novation dans les discussions du ciné-club. Le cinéma étant mort, on doit faire, du débat, un chef-d’œuvre. La discussion, appendice du spectacle, doit devenir le vrai drame. On renversera ainsi l’ordre habituel des préséances. L’art de la reproduction reproduira les débats de tous les autres arts. Il faudrait interdire le glouglou nul. Des voix pures et neuves s’ordonneront alors dans la salle, en lançant des phrases sans cesse originales, et sans rapport avec un sujet quelconque. Des hommes résolus feront des gestes jamais vus, heurtant ou émouvant le public. (…) Grâce au débat isouien, les débats explicatifs qui se sont souvent perdus en faveur des films qu’ils commentaient, pourraient se perpétuer en soi et pour soi. (…) J’estime trop ceux qui se taisent dans les discussions des salles, qui réfléchissent et prennent, mentalement des notes, pour ne pas espérer que le débat lui-même, en évoluant, finira par un grand silence ». Isidore Isou, Esthétique du cinéma, 1952.

(…) "Si ces expressions nouvelles restent, avant tout — au même titre que les grandes propositions artistiques passées —, des créations chargées d'augmenter la beauté formelle, elles n'en sont pas pour autant exemptes de préoccupations extra plastiques, culturelles ou vitales. Notamment dans leurs phases respectives de constitution et d'explorations ampliques, leur dimension ouverte à la thématique — le sujet — sera porteuse des valeurs les plus progressistes de la connaissance issues de l'ensemble des branches de la culture et de la vie. Parmi ces valeurs, d’autres apports d'Isou, effectués en des disciplines complémentaires, de la Science, de la Philosophie ou de la Technique, occuperont une place privilégiée. C'est le cas des conceptions de la psychokladologie, des mathématiques hypergraphiques, de l'éthique, de l'érotologie, par exemple, ou, encore, de l'économie nucléaire et du Soulèvement de la Jeunesse, dont les différentes actions réalisées depuis leur parution constituent les bases, à la fois novatrices et pratiques, de situations artistiques nouvelles innombrables.

Naturellement, la présence de telles données ne doit pas porter à penser que ces situations, à partir desquelles se construisent, toujours aujourd’hui, « les belles histoires », puissent être l’objet, la finalité même de l’art de l’écoulement de la reproduction. Sauf à persister à vouloir, comme la chansonnette, se définir à la manière d’un loisir ou d’un simple divertissement, le cinéma ne saurait se réduire à cela et, pour se manifester comme un art à part entière, il devait, comme les autres arts avant lui, réduire progressivement, abandonner, puis finalement rejeter l’anecdote extra-formelle paralysante, pour orienter ses organisations vers des arrangements gratuits, liés à ses seuls composants esthétiques essentiels. De toutes façons, ces « situations » restent toujours plus amplement informées dans le cadre des disciplines théologiques, philosophiques, scientifiques ou techniques du Savoir où l’harmonie cède le pas à l’exactitude, et dont l’écriture cinématographique, comme toutes techniques de transcription et de perpétuation peut rendre compte, seulement par le biais du documentaire, et non plus de l’art.

Cette dialectique entre l’art, le documentaire et le divertissement, déjà en 1952, dans son Esthétique du cinéma, le créateur du discrépant la dénonçait. Sûr de la justesse de ses vues qui portaient l’esthétique filmique au niveau atteint bien avant lui par la poésie, la musique ou l’art plastique, il écrivait comme une provocation à l’adresse du public et de ceux qui n’avaient pas pris la peine dans le passé d’effectuer son super effort que : « Ceux qui considèrent l’art autrement que sous l’aspect d’une forme gratuite sont des pauvres types. L’art n’est pas sérieux, mais le travail de l’artiste qui cherche à atteindre la gratuité est pénible, car l’homme en est encore à se débattre entre l’opium et le médicament. »

Sans doute pensait-il qu’à la suite de son passage, la perception du septième art serait culturellement éclairée, sans imaginer qu’aujourd’hui, soixante ans après, elle ne s’en affirmera que plus confuse encore. Toujours entre l’opium et le médicament, la foule cinéphilique plus nombreuse, guidée et encouragée par de soi-disant « spécialistes », poursuit la dévoration anecdotique, insensible au fait, que dans l’ombre, durant cette longue parenthèse, notamment avec les multiples propositions « lettristes », le cinéma n’a jamais cessé d’évoluer. Pourtant, dans l’avenir, c’est sur les bases de ces dimensions que, pour se construire, le cinéma futur devra s’appuyer.

Déjà, en complément des œuvres, nombre de cinéphiles progressistes partagent l’idée selon laquelle l’agencement théorique neuf des particules de la cinématographie lettriste — précisément ciselante et discrépante, hypergraphique, infinitésimale et excoordiste — s’imposera et vaincra là où les cinématographies concurrentes ont échouées."

Roland Sabatier, Extrait de L’Anti-cinéma lettriste : le cinéma sans le cinéma, in L’Anti-cinéma lettriste 1952 -2009 – Choix d’œuvres. Ed. Zero Gravità, Sordevolo, Italie, 2009. Catalogue de l’exposition réalisée à la Villa Cernigliaro de Sordevolo (Italie) du 24 octobre au 29 novembre 2009. Textes bilingues français/italien de Roland Sabatier et Anne-Catherine Caron (Panoramique sur quelques œuvres de l’Anti-cinéma lettriste). 73 illustrations, 128 pages.

vendredi 10 avril 2009

LA CRISE DE LA BANQUE ET LA BANQUE DE LA CRISE






EPARGNANTS,
SUIVEZ LES CONSEILS DES LETTRISTES ! qui seuls ont prévu la crise actuelle, la baisse de nombreu-ses valeurs en Bourse, la dévaluation des monnaies en inflation, l'erreur de la spéculation sur l'or. 
EPARGNANTS ! 
VENDEZ VOS ACTIONS, VOTRE OR, VOS DEVISES ! 
ACHETEZ LES VALEURS DURABLES, EN HAUSSE PERMANENTE, celles des mouvements créateurs, et surtout les valeurs du mouvement créateur lettriste !

Une nation possède : 
1) des biens créateurs et durables dont la valeur s'accroît à l'infini,
2) et des biens passagers, qui sont produits chaque jour plus vite et mieux, sans cesse en baisse.
Ainsi : 
1) Le mouvements créateurs de la culture, comme par exemple les Antiques, le Classicisme, le Cubisme ou le Lettrisme, apportent des marchandises (tableaux, manuscrits, livres, films) recherchées de plus en plus par les Musées, les Bibliothèques Nationales, les collectionneurs de tous les paye du monde, qui s'arrachent progressivement ces biens en nombre limité et font grimper leurs prix, au point qu'on a payé, aujourd'hui, plus d'un milliard de francs pour une seule toile de Gauguin, un milliard de francs pour un exemplaire de la Bible de Gutenberg, dite à quarante-deux lignes. 
2) Les biens de production ou de consommation qui n'ont aucune valeur historique, qu'on produit toujours plus vite et mieux, baissent de prix et finissent, souvent, par être totalement éliminés du marché par des techniques multiplicatrices de richesse, exigeant moins d'efforts.
Considérons justement les catégories de ces biens quotidiens, dépourvus de valeur historique.
a) Les sociétés cotées actuellement en Bourse fabriquent des marchandises qui coûtent trop cher, qui se trouvent en surproduction et qui sont déjà surclassées par les marchandises des jeunes producteurs en train d'arriver sur le marché pour "casser les prix"; quant aux sociétés encore privilégiées, celles-ci ne pourront plus longtemps vendre des services à des entreprises en crise, dépourvues de plus en plus de moyens d'achat. 
Grâce à son système novateur, le mouvement lettriste, qui, depuis plusieurs années, a prévu, le premier, d'une manière mathématique, la surproduction, la récession, la crise actuelles ainsi que la liquidation de nombreuses - valeurs en Bourse, le mouvement lettriste demande à tous les épargnants de ne plus acheter les valeurs des entreprises sclérosées cotées en Bourse, entreprises qui auraient, depuis longtemps, fait faillite sans les appuis des "investisseurs nationaux " (sic), sans les appuis d'un régime de protection des néo-monopoles, ces parasites moribonds, désormais incapables de tromper l'opinion publique pour se survivre.
b) L'or, lui aussi, sur lequel on spécule à cause de l'inflation internationale des monnaies, ne possède qu'un emploi industriel passager d'à peu près 10 % de sa quantité, et il est, donc, pour à peu près 90 % de sa quantité, surévalué par rapport à sa dernière dose d'utilité marginale.
c) Le franc, lui-même, stabilisé, autrefois, grâce à l'écrasement des revendications de la masse salariale, est dévalué, sans cesse, en raison de l'impasse budgétaire, de la distribution stupide d'énormes subventions ou crédits aux parasites "monopolistes" ou "politiques" de la "majorité" (sic), en raison également de la mévente des marchandises françaises. 
Comme l'a affirmé - le premier et de la matière la plus profonde - le mouvement lettriste, le mouvement de l'économie nucléaire, la crise la récession vont s'accroître.
ACHETEURS EN BOURSE ! 
Ne vous laissez pas duper par des ignorants ou des escrocs qui vous font acheter de l'or - dont la surévaluation serait une duperie - ou qui vous font placer vos économies en francs ou en devises étrangères, alors qu'à peu près toutes les monnaies des régimes néo-libéralistes ont atteint un niveau inflationniste, un manque de couverture réelle en marchandises nécessaires - dans cet état de crise - qui les rendent aptes à être dévaluées, dévalorisées, d'une semaine à l'autre.
Or, pendant cette crise, tandis que le gouvernement français laisse vivre, dans la pauvreté, voisine de la misère, Isidore Isou, le créateur du mouvement lettriste, certains connaisseurs demandent déjà : 1000 000 F pour l'une de ses toiles de 1952, acquises à l'époque 150 F; le centre Beaubourg, dirigé par des crétins ou des escrocs, a acquis pour 13 000 F, à une galerie, un dessin lettriste d'Isidore Isou, d'une page de 1947, comme il en offrait gratuitement à l’époque, ses manuscrits, détenus par des spécialistes, ont triplé de prix dans une semaine ; des exemplaires de certains de ses livres qu'il éditait seul - à cause de l'incompréhension des dirigeants des maisons d'édition - et qu'il vendait 3 F 50, sont vendus, par des libraires habiles, 1000 F etc.
EPARGNANTS
Achetez des biens créateurs et durables, achetez les oeuvres (manuscrits, tableaux, livres, films) des mouvements quintessentiels, éternels, de la culture, qui ne peuvent jamais se dévaloriser et que s'arracheront, de plus en plus, les Musées, les Bibliothèques, les Cinémathèques et les collectionneurs en nombre croissant, d'une société de loisirs croissants, vers laquelle nous évoluons à grands pas.
EPARGNANTS
Vendez vos actions, votre or, vos francs, vos devises, ces biens passagers, ACHETEZ DES OEUVRES DURABLES EN HAUSSE PERMANENTE ! 
Pour être conseillés d'une manière exacte sur les oeuvres des mouvements créateurs authentiques, passés et présents, et surtout, sur les oeuvres du mouvement lettriste, LE SEUL MOUVEMENT NOVATEUR DE CETTE APRES-GUERRE, prenez contact avec les lettristes et surtout avec Roland Sabatier du Mouvement Lettriste.

LE GROUPE DE RECONCILIATION DES TENDANCES ET DES PRODUCTEURS HONNETES, OPPOSES AUX DEMAGOGUES ET AUX CRIMINELS DE LA SOCIETE ET DE LA VIE.
(Tract rédigé par Isidore Isou en 1968 dont une version en partie remaniée a été lancée à la Bourse de Paris, le 8 janvier 1968. Publié dans "Les Tableaux les plus intelligents de l'histoire de la peinture, et aussi les sculptures les plus intelligentes de l'histoire de la sculpture", de Isidore Isou, préface de Catherine Goldstein, Editions Galerie de Paris, Paris, 1989)
Lien site Isidore Isou:

jeudi 2 avril 2009

DE DEVAQUET A PECRESSE, PLUS QUE JAMAIS A COTE DU PROBLEME




LA DERNIERE GREVE DES ETUDIANTS ET DES LYCEENS PROUVE, ENCORE UNE FOIS, QUE
NOTRE MOUVEMENT "LE SOULEVEMENT DE LA JEUNESSE" A RAISON

La force révolutionnaire de la société n'est pas le « peuple de citoyens libres », masse confuse et statique, ni le « prolétariat » masse fragmentaire et revendicative, impuissante; mais la jeunesse, masse dynamique de millions d'externes esclaves et surexploités par rapport au circuit de co-échangistes du circuit, masse seule capable d'agir pour une société d'opulence
et de bonheur.
A l'époque de la grève qui a vu l'union des étudiants et des lycéens, il suffisait que les responsables de cette grève fassent l'union avec l'armée masse composée de jeunes, d'externes par rapport au circuit, pour que cette force imbattable prenne le pouvoir en France.
Mais prendre le pouvoir, pourquoi faire ?
Pour combattre la loi Devaquet ? Ce serait aussi ridicule qu'une grève des fonctionnaires pour l'augmentation de salaires de 10 francs par mois.
La jeunesse est comme le peuple ou le prolétariat d'autrefois, abrutis par des théories fragmentaires et falsificatrices qui les maintenaient dans la servitude.
Mais, inexorablement, par l'évolution des connaissances ou par la révolution, les purges, les éliminations des dirigeants sclérosés, les vérités du soulèvement de la jeunesse et ses revendications pour une société de création, de bonheur et d'opulence s'imposent de plus en plus, à l'est ou à l'ouest et naturellement aussi en France. Il ne faut pas que notre génération soit sacrifiée par des politiciens et des agitateurs ignorants et il faut que nous profitions des avantages, des apports d'un régime d'opulence et de bonheur.
Il faut prolonger l'enthousiasme de la grève des étudiants et des lycéens par l'organisation des structures de la société d'abondance et de bonheur. 
1) REMPLACER DANS LE MONDE, AUSSI BIEN A L'EST QU'A L'OUEST ET SURTOUT EN FRANCE, L'ECOLE, L'ENSEIGNEMENT
CRETINISANT, SOURCE DE CHOMAGE ET DE MISERE, PAR UNE ECOLE, UN ENSEIGNEMENT DE CONNAISSANCE, DE CREATION, SOURCE D'UNE VIE DE RICHESSE ET DE BONHEUR. 
2) REMPLACER LA PLANIFICATION D'UNE BUREAUCRATIE INCULTE FRAGMENTAIRE ET STUPIDE, SOURCE DE PAUVRETE ET DE MALHEUR COMME LA PLANIFICATION DE L'EST OU LE MANQUE DE PLANIFICATION, LE LAISSER-FAIRE, DE CHOMAGE ET DE MISERE, COMME LE REGIME ECONOMIQUE DE L'OUEST, PAR UNE PLANIFICATION ECONOMIQUE DE CREATION, DE CULTURE
INTEGRALE DE RICHESSE ET DE BONHEUR. 
3) REMPLACER UN POUVOIR ETATIQUE REGALIEN, SCLEROSE, ARBITRAIRE PAR UNE ADMINISTRATION DE CREATEURS ET DE PRODUCTEURS CONSCIENTS DE LA NECESSITE DE ROTATION AUX PLACES DE RESPONSABILITE. 
AVEC LES MOYENS DE SONDAGE ET D'INFORMATION D'AUJOURD'HUI CHAQUE CITOYEN EN GENERAL ET TOUS LES FRANCAIS EN PARTICULIER PEUVENT DONNER LEUR AVIS SUR LES POSSIBILITES DE REALISATION ET LES BESOINS DE NOS CONCITOYENS ET DE LEUR FAMILLE. 

POUR VOTRE INTERET CONSTRUISEZ AVEC LES RESPONSABLES DE NOTRE MOUVEMENT ET DE NOTRE UNIVERS ITE LES STRUCTURES D'UNE SOCIETE D'OPULENCE ET DE BONHEUR.

(Tract du MOUVEMENT POUR L’UNION DE LA JEUNESSE ET DE L’EXTERNITE distribué en décembre 1986 lors des manifestations contre la Loi Devaquet.)

dimanche 15 mars 2009

DE MADAME DE LAFAYETTE ET DE L’ECOLE CREATRICE


Un jour, lorsque de nouvelles solutions courront dans les têtes bien faites de ceux qui le souhaitent, relayées par des médias bien pleins, débarrassés du credo de l’information détournée de sa véritable valeur, il se peut que les filles et les garçons, la masse exclue de tous les externes, les créateurs et les producteurs honnêtes, gagnent sur le terrain d’une existence meilleure grâce à une répartition nouvelle des peines et des plaisirs qui échoient à tout être humain sur Terre. 
En guise de réponse aux détracteurs de la lecture de l’oeuvre de Madame de Lafayette – qui, avec Denis Diderot, Benjamin Constant et Choderlos de Laclos, incarne la création du roman classique – dans les lycées et aux conservateurs ambitionnant d’en préserver sa perpétuation, et d’une manière plus générale, afin d’apporter notre contribution au débat éternel sur l’éducation dans le panorama du monde existant, nous livrons à ceux que cela intéresse une analyse d’Isidore Isou, extraite de son Traité d’Economie Nucléaire, I - Le Soulèvement de la Jeunesse, Tome III - La solution du protégisme juventiste, 1949, Centre International de Création Kladologique, Paris, 1971. (Anne-Catherine Caron)
"Esquisse d’une pédagogie juventiste 
1) Critique préparative d’une éducation économique
On a attiré l’attention sur l’une de ses obscurités peu intelligibles que les créateurs de formules économiques ont omis faute de pouvoir la saisir dans le piège de leurs abstractions.
Un théoricien est impatient devant ce qui glisse à ses éléments et formules déjà énumérées. Des principes lumineux se combinent parfaitement en-decà des crises de conscience, considérées comme de simples malaises dont une discipline générale n’a pas à se préoccuper. Dans le domaine où Smith a observé une réadaptation de la courbe de l’offre-demande à l’instant de surproduction, donc mécanisme spontané de réajustement des excès individuels, Sismondi, en fouillant le concept de soi, a découvert la crise, la misère, le chômage, l’expropriation automatique. Dans le domaine où Riccardo avait décrit une coïncidence exacte entre l’émission, l’encaisse et l’investissement, Keynes trouve un emploi optimum, flottant sous le tourbillon des facteurs psychologiques comme « l’incitation à investir », « la variation des vues sur l’avenir », « le faux équilibre », capable d’expliquer « le paradoxe de la pauvreté au sein de l’abondance ». Et dans le domaine où Say reconnaissait d’avance un marché et un échange juste entre le salarié et l’entrepreneur, Marx a montré « l’obligation de la vente du travail » (« peau tanée ») l’usine où règne l’anarchie économique et la promiscuité de la « caserne ».
En offrant à l’éclaircissement de l’Economie la subsistance de l’externe et en décrivant une vie « humaine » aussi grouillante et aussi riche en événements que celle de l’agent économique (20 – 30 ans), Isou met en question les formules de Mises et de Strigl selon lesquelles toute relation entre les individus peut s’expliquer à la lumière du concept d’échange.
L’auteur a dévoilé encore l’une de ces zones noires avec lesquelles l’ignorance de la science nous a habitués depuis plusieurs siècles, l’un de ces terrains sauvages et misérables près desquels la crainte de la Culture est passée comme un songe crispé, aveugle, en tournant la tête.
L’économique créatif, en chiffonnant la courbe des prix, l’a faussée totalement, de telle manière qu’en réessayant ce dispositif exact de distribution sur le territoire de l’externité, il met l’observateur dans un dilemme: ou il rejette comme inemployable et mensonger ou il l’emploie comme régulateur dans un monde en débandade, son ordre étant nécessaire au désordre de l’objet envisagé.
Dans cette brousse, cette rose des vents des peines-plaisirs est un principe provisoire, capable d’orienter les chercheurs au milieu de la jungle de massacres et de rapines de la jeunesse.
Nous avons déjà décrit, durant la première dimension du bicaténage, l’esclavage juventiste et nous avons découvert dans le monde moderne l’école comme un ergastulum, usine-caverne-bagne de « la révolution industrielle », tumeur spécifique du surmenage gratuit où le désordre le plus apocalyptique règne entre l’offre et la demande". (p.p 99 et 100).
III) Esquisse d'une éducation créative
L'école a, d'abord, un but utilitaire immédiat: celui de permettre l'internement de l'élève dans une branche productive quelconque, afin de lui assurer l'acquisition du standing borné indépendant.
On ne peut pas affirmer comme Joli que le destin de l'éducation est de faire fonctionner toutes
les facultés de l'individu, car la vie même fera un choix entre ses aptitudes et son intérêt, poussant jusqu'à la limite nécessaire de la spécialisation l'action des facultés développées.
L'effort quotidien de l'homme a soin de démontrer, par le rejet et l'oubli des connaissances vaines, stupidement imposées à l'école, l'inutilité de toute une partie du bagage intellectuel ingurgité par obligation et dépourvu d'intérêt pour les travaux ultérieurs.
De ce point de vue, les accusations pleuvent contre l'école actuelle considérée comme une "maison d'abêtissement public" où des êtres passifs sont astreints à apprendre par coeur des notions qu'ils ne comprennent pas et de discourir sur des sujets aussi ridicules que dérisoires.
Combien d'individus préoccupés par les "lettres" se rappellent encore une année après les avoir apprises, les formules de chimie organique ? A la radio seulement, pour les jeux du jeudi, quelques potaches se font de la concurrence à propos de la date de la bataille de Marignan ou de la date de la naissance de Louis XV. Et combien de gens intelligents, passés par les bancs de l'école, se souviennent encore les vers en latin ou en français qu'ils ont tous été astreints d'apprendre par coeur et de bégayer avec crainte devant un professeur mécanisé et qui n'avait d'autre métier que ce genre d'auscultation ? "Savoir, pour savoir, écrit Hubert, est la plus vaine des vanités, mais savoir pour comprendre, pour agir, pour jouir, pour aimer, pour être soi, voilà le but et l'espoir".
L'éducation de l'acquis doit offrir au jeune la structure des connaissances mondaines possibles. N’ayant, actuellement,comme but qu’une simple destruction de temps, elle est une fragmentation de la connaissance, une dissolution de la culture morcelée, une impossibilité de saisissement et d'appui.
"Nos classes sont remplies de neurasthéniques, de névrosés, et somnolents sans énergie qui n'attrapent que des miettes de connaissances. Le grand problème pour l'élève est d'éviter la mauvaise note par des lambeaux appris par coeur, des ruses et des fraudes La culture personnelle passe au dernier plan; la grande affaire est d'éviter à la fois l'effort et la punition". Et Ehm, qui cite Bouchet, renchérit : "Les examens, le baccalauréat et les divers concours imposent le bourrage et atrophient chez les enfants toutes les facultés de décision, d'action et le libre développement. Les classes surpeuplées et les horaires chargés entraînent le surmenage physique et moral dont les effets sont connus. L'élève ne travaille pas spontanément mais plutôt avec une révolte intérieure et secrète (...) Au point de vue méthode, c'est le verbalisme qui règne".
Par. ailleurs, l'inutilisation du temps tend à détruire les fondements mêmes de la connaissance, par une espèce d'attaque des racines du savoir. La culture est un prétexte qui empêche foncièrement de rendre les élèves "intelligents", car la désobéissance des derniers répond au manque de prévoyance des professeurs. Il n'y a que la marée d'abêtissement qui retient l'être dans un état oppressif et permet au "maître" impuni de se jucher ex-cathédra.
"On n'accuse pas seulement les programmes scolaires de fatiguer les, élèves, on. leur reproche encore d'en faire des jeunes sans culture, Non seulement les heures nombreuses qu'ils consacrent au travail sont nuisibles à leur santé, mais elles seraient perdues pour leur formation intellectuelle... Dans son dernier rapport (Revue Universitaire mars , 1923), Monsieur Bouglé a signalé que sur 204 concurrents, le jury a trouvé 30 copies excellentes, 42 détestables ayant mérité des notes allant de 1 1/2 à 1/2 et 43 franchement mauvaises avec des notes allant de 5 à 6 1/2. On est confondu, dit-il, devant le vide, l'incohérence, la sottise et l'incorrection de certains devoirs. On se demande comment certains candidats ont pu réussir à passer leur baccalauréat décemment, comment ils ont pu conserver cette débilité de pensée, cette absence de logique, cette vulgarité de sentiment et d'expression qu'on trouve dans leur copie. L'orthographe est passée au dernier rang de  leurs préoccupations. Dans telle copie, on relève 30 fautes d'orthographe... Le doyen de la Faculté de Droit de Caen me disait à moi-même que ces jeunes gens ne savent pas l'orthographe, ils ne savent ni penser, ni écrire (..,.)" La cause ?" Jusqu'à dix-sept ou dix-huit ans, les enfants ont été abreuvés de cours et de conférences; ils n'ont presque pas eu le temps pour réfléchir en dehors des classes, pour lire, à leur gré; pour laisser à leur esprit quelque initiative. Les programmes ont beau prescrire "les lectures complémentaires", nous savons tous, que le collégien d'hier comme celui d'aujourd'hui arrive à peine à trouver le temps nécessaire pour faire les devoirs réguliers, apprendre les leçons, préparer des textes".
C'est à l'éloignement de tout but visible pour un nombre infini d'années qu'il faut attribuer le désespoir du disciple: celui-ci a l'impression de nager dans un océan sans fin de connaissances dont les seuls signaux sont la régularité des examens.
L'affranchissement de l'école, l'indépendance vis-à-vis de l’esclavage des parents, l'atteinte du propre standing borné, voilà les buts de l'enseignement, voilà ce qui donne des ailes à un effort mal employé, jusqu'à présent. L'apprentissage est un contact permanent de l'être avec le milieu: il a lieu depuis la naissance, car' il y a une curiosité naturelle de l'enfant pour tous les éléments avoisinants, intérêt qui se traduit par des questions "naïves" et par une assimilation et une appropriation des conditions d’existence. L'homme a appris le monde dans le monde chaque jour, et dans les livres il n'est venu chercher qu'une plus exacte interprétation des choses rencontrées. L'être sait que le feu le brûle, que le soleil éclaire et chauffe ou qu'il a besoin de se nourrir, notions acquises par une prise de connaissance directe des phénomènes essentiels de son existence. Dans l'école, l'enfant vient chercher des schémas compréhensibles, mémorables, utilisables, des manifestations d'autour, méthodes qui lui offriront une page vivante de la "vérité acquise" dans ces matières et le pouvoir d'agir sur des apparitions qui lui glissaient jusque-là entre les mains. Or si, entre son état donné et le but qui est un pouvoir visible sur les forces d'alentour s'étend une trop longue distance, si l'apprentissage dure outre-mesure, on abuse du pouvoir de concentration du jeune, on transforme l'impatience du commencement en terreur devant la fin.
"Fonctions sensorielles, motrices, affectives et intellectuelles ne doivent pas être considérées les unes à part les autres; elles n'ont de sens qu'intégrées dans une activité complexe. Il faut donc qu'elles puissent s’orrganiser en vue d'un but à atteindre qui attire l'enfant et qui soit en même temps socialement appréciable". Or, il ne peut pas y avoir d'autre but et d'autre intérêt que l'acquisition du standing borné. L'approche de cette réalité d'homme, mimée dans les jeux et dans les plus beaux moments libres, doit être la certitude et le prix proche du travail de l'élève: celui-ci doit frôler cette existence à tout instant et voir ses efforts quotidiennement récompensés par le décroissement de la distance qui le sépare de sa "situation". Cette supériorité représentée par "la grande personne", le jeune doit la connaître dans son contenu afin de pouvoir marquer sur sa carte (non dans une attitude passive et attentive au calendrier seul) les victoires enregistrées quotidiennement dans son combat pour la fin comme dans la guerre de conquête, les petits drapeaux notent l'avance des armées. La possibilité de finir au plus vite les études doit dépendre strictement de la propre volonté du jeune, de son unique élan; chaque petit exercice dont il sera déjà capable encourageant la poursuite ininterrompue jusqu'à l'acquisition totale.
La vision ininterrompue des relations avec le monde hâte le pouvoir de participation de l'élève à l'échange peines-plaisirs.
(LXXXVII) Depuis sa naissance, l'enfant découvre déjà ce qu'il sera toujours : un système de besoins qui appelle des satisfactions. Or, l'enseignement doit représenter la compréhension des meilleurs moyens de satisfaction (selon la loi du moindre effort), mis à la disposition de l'individu par le circuit productif et aussi l'acquisition du pouvoir de création des moyens nouveaux accompagnant les possibilités existantes.
En tenant compte de ces normes, on affirmera que le système pédagogique doit offrir, par ses expériences et les résultats déjà obtenus, les principes d'une rapide, dense profonde et vivante méthode de connaissance
Notre nouvel enseignement, né d'une abolition de l'esclavagisme scolaire par l'insurrection des masses d'externes, rappellera certains essais fragmentaires et incohérents, réalisés par quelques maîtres de l'école nouvelle auxquels manquaient cependant un principe général d'organisation, un cadre défini de transsformations et un but précis à atteindre par l'ensemble du système.
X) POUR UNE EDUCATION CYNIQUE
Afin de mieux assujetir les externes, le trafic s'efforce de leur imposer le respect et l'obéissance, en leur offrant une image sublime et trompeuse d'eux-mêmes. L'enfant vit alors dans un monde contradictoire, déchiré entre la "bassesse" ressentie en lui-même et la "puissance morale" des "supérieurs" qu'il a appris à idéaliser: d'un côté, un monde véridique, le sien, basé sur des valeurs exactes (désirs, appétits, moindre effort, intérêt personnel) et de l'autre côté, un monde qui lui semble élevé sur des structures difficiles à atteindre : sacrifice de soi, renonciations, altruisme, effort par charité, etc... Ainsi se forme une première perversion obtenue par la violation de la nature correcte de l'individu qu'on cherche à réduire à un état subordonné. La soi-disant cruauté première des enfants est le résultatd'une altération fondamentale de leur psychisme ordinaire, obtenu par le mensonge idéaliste et le fouet qui tend à ramener les naïfs à ce faux modèle.
Le premier désespoir, né de la discrépance entre ce qu'on est et ce que les autres paraissent (veulent paraître), représente une preuve criarde de l'envahissement de "l'historique" sur 'un marché. L'individu se forme longtemps ainsi avec une carte faussée des notions, promenée dans le monde comme une bosse maladroite et gênante, une boussole qui marche à l'envers des lois physiques et géographiques communes. Si cette marque infamante, inhumaine s'imprime définitivement dans l'âme de l'être, on voit sortir de l'école,ces "nigauds", ces refoulés innocents et donquichottesques, ratés et aplatis dans un monde incompréhensible, ces spectres imbécilisés et dépouillés.
Cette morale populiste a marqué chaque enfant durant un certain temps. Or, malgré la perversion imposée, en contact quotidien avec le milieu, dans les rapports établis avec les internes, la vérité économique apparaît: l'individu découvre lentement et successivement,par des révélations "abominables", le système réel de la conduite humaine.
Les bandeaux par lesquels on meurtrissait la chair de l'être se déchirent, éclatent, et un nouveau désespoir brise l'âme de l'enfant: non seulement parce qu'il découvre un "monde laid" (selon les lois du bien et du mauvais, appris au cours de la première perversion), mais parce qu'il se découvre menti durant des années, dirigé stupidement vers une direction mensongère. (p.p. 121- 124)

jeudi 5 mars 2009

VIDE, EN EFFET!


















Légende de la photo : Isidore Isou, Extrait de « Introduction à l’esthétique imaginai-re », revue Front de la Jeunesse, n°7, mai 1956
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Du 25 février au 23 mars, le Musée d’Art Moderne du Centre Pompidou ne se contente pas de parler du vide, il nous le montre.
En dehors de vides identiques répartis en différentes salles, qu’y voit-t-on ? Des cartels qui nous suggèrent la présence de l’invisible (Klein), d’un volume d’air conditionné entre quatre murs (Art and Language), d’un lieu propice à la réflexion et à l’échange (Robert Barry),d’un espace vide où l’auteur est censé revenir régulièrement pour réfléchir à ce qu’il pourrait y réaliser (Robert Irwin), du rien (Laurie Parsons), d’un bâtiment de Mies van der Rohe inoccupé (Bethan Huws), du résultat d’une restauration architecturale (Maria Eichhorn), d’un système d’écoute dissimulé (Roman Ondàk) ou, encore, d’un espace vide réservé à l’intérieur du musée (Stanley Brown).
Dans tous ces cas, il ne s’agit que de valeurs particulières, mais concrètes, de la réalité qui ont été détournées et signées en elles-mêmes par leur auteur comme des œuvres d’art sans ne jamais parvenir à aller au-delà du principe général de l’appropriation esthétique formulé par Duchamp à partir de 1915 et repris par Man Ray un peu plus tard.
Pour l’auteur de Air de Paris il s’imposait que d’autres réalisaient sous ses yeux les déclinaisons infinies que lui-même s’était toujours interdit d’accomplir. A leur sujet, dans une lettre adressée à Hans Richter en date du 19 novembre 1962, il déclarait que « Le néo-dada qu’ils appellent Nouveau Réalisme, Pop Art, Assemblage, etc. est une solution de facilité et vit de ce que Dada a fait. Lorsque j’ai découvert les ready-made, j’ai essayé de disqualifier l’esthétique. Dans leur néo-dada, ils ont pris mes ready-made et y ont trouvé une beauté esthétique ; je leur ai jeté un porte-bouteille et un urinoir à la figure, comme un défi, et voici qu’ils les admirent pour leur beauté esthétique ! ».
De même, Roland Sabatier rapporte que Man Ray lui aurait confié au cours de l’année 1971 que les artistes de ces mêmes groupes « n’offraient aucune originalité nouvelle » et qu’ils étaient pour Dada, « ce que Carzou ou Labisse étaient, en dépit de leurs succès à cette époque, pour le Surréalisme ».
Cette fois encore, il est regrettable que le Centre Pompidou s’obstine à propager des réalisations imitatives au détriment des grandes créations originales du passé et, plus encore, aujourd’hui, des créations du Lettrisme qui, dans l’art plastique, notamment, sont les seules à avoir dépassé le persiflage dadaïste, le rien, le n’importe quoi ou le vide promu au rang d ‘œuvre d’art pour dévoiler, d’abord, dès 1950, l’art hypergraphique, basé sur l’intégralité des signes concrets de la communication visuelle, ensuite, en 1956, l’art infinitésimal ou imaginaire préoccupé de l’organisation des expressions inconcevables, invisibles, impossibles ou transcendantales; deux systèmes complétés par la méca-esthétique intégrale, proposant aux arts toutes les catégories de supports et d’outillages, et le cadre supertemporel, dédié uniquement à la participation du public, dans le cadre desquels s’inscrivent des réalisations inédites d’Isidore Isou et de ses camarades, comme Le Film-débat (1952), puis La Plastique rhétorique (1960), qui réduisaient l’œuvre à des discussions sur sa possibilité d’existence, de nouveaux supports avec La plastique gazeuse et physico-chimique (1960), ou encore le rythme de la Polythanasie esthétique capable d'agir méthodiquement en faveur de l'anéantissement complet de tous les arts.
Mais, sans doute, faudra-t-il attendre certainement longtemps !
N’est-ce pas ce même musée du Centre Pompidou qui a acquis ses premiers ready-made de Duchamp seulement à partir du début des années 1980, alors qu’antérieurement il faisait déjà entrer les plagiaires de ce créateur dans les collections publiques ?
Gérard Bermond

vendredi 20 février 2009

PLUS DADA QUE DADA TU MEURS!




Dans l’Internationale Situationniste, n°6, Paris, Arthème Fayard, 1997 (p.210), il est affirmé, au sujet des auteurs des pratiques formelles du début des années 1960, qu’ils « ont un air de découvrir la destruction de l’art. (…) Tous retuent des cadavres qu’ils déterrent, dans un no man’s land culturel dont ils n’imaginaient pas l’au-delà. Ils n’en sont pas moins très exactement les artistes d’aujourd’hui, quoique sans savoir comment. Ils expriment justement notre temps de vieilleries solennellement proclamées neuves ; ce temps d’incohérence planifiée ; d’isolement et de surdité assurés par les moyens de communication de masse, d’enseignement universitaire de formes supérieures d’analphabétisme ; de mensonge garanti scientifiquement ; et de pouvoir technique décisif à la disposition de la débilité dirigeante. »

Ces lignes, tant elles sont justes, pourraient être signées par les lettristes qui proposent le surpassement de cet état par des apports déterminés. Si, du fait de son adhésion première aux conceptions artistiques et économiques de ce mouvement, l’auteur de cette déclaration peut voir, en dehors de cette adhésion il ne voit plus, il ne se voit pas dans son prétendu et pseudo dépassement dont les effets — détournements et dérives — reviennent au dada généralisé des années 1916-1920, auquel il substitue au mode poilant et persifleur de Tzara un mode terrorisant, gueulard et sur dramatisé.
Alors que les "situations”, depuis longtemps chassées de la plupart des dimensions formelles, sont à présent, par Isidore Isou avec son apport du discrépant et du ciselant, exclues du théâtre et du cinéma où elles demeuraient encore, les situationnistes, au nom du rejet de ces mêmes dimensions formelles, ne trouvent rien de mieux que de proposer de les remplacer par des “situations”.
Le situationnisme est au lettrisme ce que les dragons sont aux ornithorynques ou aux diplodocus. En dehors de son activisme pseudo philosophique — qui n’est, de l’aveu même de son initiateur, que “stratégie” — il n’a pas d’existence réelle et son existence supposée ne se fonde que sur la crédulité et l’ignorance de la “débilité dirigeante”, des médias, de l’enseignement, et, par suite, de nos contemporains.

(Extrait du texte de Roland Sabatier, Le Lettrisme : vue d’ensemble sur quelques dépassements précis, en partie publié dans «Figures de la négation. Avant-gardes du dépassement de l’art», conjointement publié par les Ed Paris Musées, Art-of-Century, Musée d’Art Moderne Saint-Etienne Métropole et LimitesLtd. Editions, Paris, 2004.)

mardi 17 février 2009

HURLEMENT EN FAVEUR D'UN TRESOR NATIONAL AUTHENTIQUE


(Article paru dans le blog "Les Cahiers d'Externité")

CONSECRATION DU VIDE
Les dernières nouvelles de la société du spectacle ne manquent pas de piquant : Guy-ernest Debord accède à la consécration ultime, la reconnaissance par l'Etat Français de son importance "historique" dans l'histoire de la pensée "nationale" (non, non ce n'est pas une private joke !) ; citons donc le commentaire édifiant qui accompagne cet évènement officialisé par les plus hautes sphères ministérielles et qui témoigne combien le mot même de "culture" est devenu aujourd'hui le faire-valoir de la plus grande bêtise :
" C’est une reconnaissance de l’œuvre de Guy Debord, qui est ainsi accepté comme l’un des penseurs contemporains les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle. Ce classement comme trésor national peut être vu comme une décision autoritaire, mais c’est surtout une reconnaissance. L’Etat accueille désormais l’enfant terrible et lui fait une place dans le saint des saints." (in Libération du 16/02, entretien avec Benoît Forgeot).
Citons aussi un grand maître en pataphysique, Benoit Racine, Président de la BNF :
"Ce classement comme trésor national s’interprète comme une reconnaissance par l’Etat de ce que représente Debord dans la vie intellectuelle et artistique du siècle écoulé» (in Libération du 16/02)
Bref, nul doute que d'autres viendront à la suite de ces baves d'adorateurs coller ou leur assentiment passionné et enthousiaste de groupie ou leur ressentiment mêlé d'envie et de détestation pour le "pet" qu'a représenté Guy Ernest dans l'histoire de la pensée, estimant que d'autres sans doute auraient davantage mérité cette place. Le seul point qui ici pose problème est de voir ainsi consacré un illusionniste, vague compilateur de Marx (que personne ne lit plus tout en s'en réclamant) pour des générations à ce point devenues incultes qu'elles prennent le réflet vacillant de leur jeunesse révolue pour l'accomplissement ultime de la création intellectuelle ! Je reste pour ma part un grand lecteur de Marx, je lis en ce moment l'édition pléiade des oeuvres de Levi-strauss (en y attendant les œuvres complètes d'Isou!), et je reste, sans titre ronronnant, ni statut universitaire d'aucune sorte, amoureux des aventures intellectuelles, et je ne vois rien dans l'itinéraire de Guy Ernest ou dans ses œuvres qui puissent se hisser à la hauteur de ces deux noms, pour ne prendre que ces deux noms là. Les vieilleries romantiques, raillées par Rimbaud ont décidément la vie longue et dans cette contribution à l'ignorance l'Etat vient d'apporter sa plus notable contribution. L'avant-garde a enfin trouvé sa Françoise Sagan ! 

En complément à cette réplique publiée dans les Cahiers de l’Externité, le 17 février 2009, au sujet du classement au titre de Trésor national des archives de l’auteur des inepties situationnistes (sic), nous proposons à Bruno Racine, au Ministre de la Culture et à la communauté intellectuelle mondiale, en attendant de prendre connaissance de l’ouvrage d’Isidore Isou « Contre l’Internationale Situationniste », (Ed Hors Commerce, Paris, 2000), de méditer sur quelques réflexions extraites de cet ouvrage (p 148).

"Ainsi, dans les domaines esthétiques, comme les javarristes, les situationnistes miment souvent l’attitude d’Isou et clament que la création est l'action la plus importante au monde, mais lorsqu’il s’agit d’inventer ou de découvrir, ils ne savent que revenir en arrière, à une conception de mise-en-scène basée sur l’anecdote romantique ou à une imitation banale d’un passé plus proche, étrangère en réalité à leur propre doctrine. Devant les novations isouënnes ciselantes, pratiquées dans certains arts et devant des arts neufs lettristes, hypergraphiques et infinitésimaux – avec leurs secteurs ampliques et ciselants – le « détournement », l’extrême limite de la position extra-situationniste, ne représente qu’une pénible réaction sous-sous-dadaïste et sous-« englobante », c’est-à-dire un style que mes adversaires d’aujourd’hui attaquaient avec plus d’intelligence à l’époque où ils suivaient mes idées."

Pour le Mouvement Lettriste, 
Anne-Catherine Caron.